Asset Management: Monthly Macro Insights - Mars 2025

La guerre commerciale initiée par Donald Trump, qui représente le plus grand acte de protectionnisme depuis les années 1930, combinée à un changement complet de la politique étrangère américaine, a provoqué une puissante onde de choc à travers l'économie mondiale. Bien que l'impact de cette incertitude sans précédent soit une grande inconnue, les dynamiques d'inflation et de croissance pourraient bousculer le scénario « Boucle d’or » des investisseurs.

Trumpcession ?

Depuis la pandémie, l'économie américaine a prouvé à de nombreuses reprises sa résilience, défiant les projections de récession. Pour autant, les chocs s'accumulent : guerre commerciale de même qu’incertitudes fiscale et migratoire.

Jusqu'à tout récemment, les investisseurs étaient d’avis que Trump utilisait principalement les menaces de tarifs douaniers comme une tactique de négociation afin d’obtenir des concessions. Ce point de vue apparaît désormais bien naïf, surtout au vu des développements récents. Dans l'ensemble, la nouvelle politique commerciale américaine alimentera l'inflation, mais pourrait également ralentir la croissance économique, réduire les bénéfices des entreprises, augmenter le chômage, aggraver les inégalités, diminuer la productivité et augmenter les tensions mondiales.

La répression des migrants illégaux risque de faire apparaître des pénuries de main-d'œuvre qui ne seront pas faciles à combler à court terme, tandis qu'un ralentissement plus large de l'immigration, avec moins d'arrivées nettes par an, constitue également un important vent contraire.

De plus, les vagues de licenciements initiées par le Département de l'Efficacité Gouvernementale (DOGE) de Musk ont déjà conduit des milliers de travailleurs fédéraux à perdre leur emploi, avec des effets en chaîne pour de nombreux sous-traitants. En agissant précipitamment, cette politique d’austérité non seulement concentre les effets économiques négatifs, mais crée également de l'incertitude.

Comment la Fed va-t-elle réagir ?

L’élection de Trump et les événements récents suggèrent que la seconde moitié de la décennie 2020 sera marquée par une incertitude géopolitique significative. Pour les banques centrales, les tensions commerciales compliquent les prévisions, car les taxes douanières sont inflationnistes à court terme, mais nuisent également à la croissance, générant ainsi des effets désinflationnistes. Cependant, si les tarifs poussent les attentes d'inflation à la hausse, les banques centrales pourraient être contraintes de maintenir un biais restrictif pendant un certain temps. Les dernières données aux États-Unis appellent à la plus grande prudence, l'enquête de l'Université du Michigan ayant montré que les attentes d'inflation des ménages ont atteint leur plus haut niveau depuis 1995.

Le "quoi qu'il en coûte" allemand

Le changement d'orientation de l'administration Trump par rapport à ses alliés et partenaires a eu un effet de séisme politique. Il a convaincu les gouvernements européens que les États-Unis ne sont plus une source de sécurité fiable et qu’ils ne sont pas dignes de confiance pour respecter leurs engagements d'alliance. En conséquence, la Commission européenne a annoncé une proposition de dépenses liées à la défense de près de 800 milliards d'euros – le plan ReArm Europe.

Toutefois, la réponse la plus notable au changement de cap américain a été le tournant historique de l'Allemagne en matière de dépenses publiques.

Bien que l'impact sur l’activité économique d'un projet fiscal d'une telle ampleur soit significatif, les investissements supplémentaires ne seront cependant déployés que progressivement et devraient dans un premier temps porter le déficit budgétaire à 5-6 % du PIB, entraînant vraisemblablement des taux d'intérêt plus élevés. Les perspectives à court terme pourraient ainsi être davantage dominées par le choc d'incertitude émanant de la politique commerciale et étrangère des États-Unis.

Chine

Pour la troisième année consécutive, la Chine s’est fixé un objectif de croissance économique ambitieux d’environ 5 % pour 2025 lors de sa session parlementaire annuelle, ce qui a renforcé les attentes de mesures de soutien supplémentaires qui seraient annoncées plus tard cette année. Toutefois, l'adoption de mesures de relance plus conséquentes pour atténuer les effets de la guerre commerciale avec les États-Unis pourrait compromettre les efforts déployés par la Chine pour contrôler la croissance de sa dette. En outre, bien que le yuan se soit déprécié de plus de 10 % par rapport au billet vert lors de la première guerre commerciale en 2018 et 2019 afin de compenser une partie de la hausse des droits de douane, le niveau déjà bas de la monnaie limite cette fois la marge de manœuvre de la banque centrale chinoise.


Télécharger l'analyse complète de Monthly Macro Insights – Mars 2025

de Marc-Antoine Collard, Chef Économiste et Responsable de la recherche

Dernières actualités