Asset Management : Monthly Macro Insights - Février 2024

Les divergences régionales sont restées importantes à la fin de l'année 2023. Si les effets des taux d'intérêt élevés et du resserrement des politiques budgétaires devraient peser sur la croissance en 2024, les investisseurs restent néanmoins optimistes, prévoyant des baisses rapides des taux directeurs. Or, les politiques monétaires pourraient devoir demeurer restrictives étant données la résilience des marchés du travail et les pressions accrues sur les chaînes d'approvisionnement, et ainsi prendre à revers les attentes des investisseurs.

Les États-Unis masquent une période morose au H2 2023

Les États-Unis ont continué à faire preuve d'exception à la fin de l'année 2023 et les principaux moteurs ont encore une fois été la consommation des ménages et les dépenses publiques. À l'inverse, l'économie de la zone euro a stagné. En Chine, les premières données pour 2024 indiquent une économie encore fragile et un soutien accru des autorités chinoises pourrait s’avérer nécessaire, d'autant plus que les pressions déflationnistes constituent un défi majeur.

La vigueur du marché du travail pourrait faire dérailler la tendance désinflationniste

Dans un contexte d'amélioration des problèmes des chaînes d'approvisionnement, de baisses des prix des matières premières et de politiques monétaires restrictives, l'inflation a reflué au cours des derniers trimestres. En revanche, le risque d'une inflation persistante, nécessitant des taux directeurs élevés, semble être largement sous-estimé par les investisseurs. Les grandes compagnies maritimes ont cessé d'utiliser la mer Rouge, entrainant une forte hausse des coûts de transport et un allongement des délais de livraison, ce qui a perturbé les calendriers de production et a accentué les pressions sur les prix. Combinée à la guerre qui se poursuit en Ukraine, cette situation risque d'engendrer de nouveaux chocs négatifs au niveau de l'offre mondiale, avec des hausses des prix des denrées alimentaires, de l'énergie et des transports. En outre, le conflit à Gaza pourrait s'étendre à l'ensemble de la région, responsable de la production d’environ 35 % des exportations mondiales de pétrole.

Les tensions sur la plupart des marchés du travail suscitent également des inquiétudes. Dans la zone euro, le taux de chômage s'est maintenu à 6,4 % en décembre, un record, et les données concernant les salaires sont d'une importance cruciale pour déterminer le calendrier d’un assouplissement monétaire. Aux États-Unis, les emplois vacants ont augmenté de manière inattendue au cours des deux derniers mois de 2023, suggérant une demande de main-d'œuvre solide. Cette situation pourrait conduire à la persistance d'une inflation élevée dans le secteur des services. D’une part, le rythme de croissance des salaires restent élevé puisque le marché du travail tendu offre aux travailleurs un fort pouvoir de négociation. D’autre part, les entreprises disposent d'un pouvoir de fixation des prix élevé grâce à une économie dynamique. Dans ce contexte, le président de la Fed M. Powell a corrigé le tir en adoptant un ton beaucoup moins accommodant que lors de la réunion de décembre dernier où il avait étonné en suggérant que des baisses du taux directeur étaient à l'ordre du jour. Il semble donc que la Fed ne fera pas cavalier seul.

En somme, l'inflation sous-jacente reste supérieure à l'objectif dans la plupart des pays et la croissance des coûts unitaires de main-d'œuvre s’avère généralement supérieure à des niveaux compatibles avec les objectifs d'inflation à moyen terme. En conséquence, il est très incertain que l'épisode inflationniste qui a débuté en 2021 se termine rapidement, et un assouplissement monétaire significatif tel qu'il est attendu par les investisseurs pourrait bien être mal avisé.