Asset Management: Monthly Macro Insights - Mars 2024
La résilience de la croissance mondiale en 2024 masque la persistance de fortes divergences régionales. Bien que l'inflation globale dans la plupart des pays du G20 devrait continuer à se normaliser, il est peu probable qu'elle revienne aux objectifs avant fin 2025, et les risques de révisions à la hausse s’avèrent élevés. Ainsi, les banques centrales pourraient être contraintes de rester prudentes plus longtemps que prévu.
Des défis pour les États-Unis…
L'année dernière, la croissance a été particulièrement dynamique aux États-Unis en raison des dépenses publiques élevées et d’une forte consommation des ménages. Cette dernière a été alimentée par la montée en flèche de l'endettement par carte de crédit, les mesures de soutien massives du gouvernement et l'épuisement de l'épargne excédentaire accumulée depuis le début de la pandémie. En revanche, ce moteur de la croissance économique pourrait s'essouffler cette année malgré une baisse de l'inflation pourtant susceptible de renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Par ailleurs, si les investisseurs semblent pour l’instant occulter les risques de détérioration de l'économie américaine, l'inflation a généralement surpris à la hausse.
…et pour la Zone euro
À la fin de 2023, le PIB de la Zone euro se situait globalement au même niveau qu'au troisième trimestre 2022. À la différence des États-Unis, la consommation et l'investissement n'ont guère progressé l'année dernière, tandis que la faible contribution positive de la demande extérieure à la croissance s'explique par le fait que les importations ont baissé davantage que les exportations.
Concernant les perspectives, l'indicateur du climat économique de la Commission européenne a chuté en février, ce qui ne laisse entrevoir aucun rebond imminent du PIB dans le contexte du cycle de resserrement le plus rapide de l'histoire de la Zone euro. En outre, la BCE pourrait également décevoir les investisseurs qui anticipent des baisses de taux significatives en 2024. L'inflation a surpris à la hausse en février et, plus fondamentalement, la combinaison d'une faible productivité et d'une croissance soutenue des salaires implique que la croissance des coûts unitaires de main-d'œuvre reste supérieure au rythme compatible avec l’atteinte de la cible d'inflation à moyen terme.
Perspectives troubles en Chine
Lors de l'Assemblée nationale populaire, l'orientation de la politique macroéconomique et l'objectif de croissance 2024 ont été dévoilés. Ce dernier a été fixé à 5 %, soit le même qu'en 2023. Or, il sera beaucoup plus difficile à atteindre en raison d'un effet de base moins favorable et d’une croissance mondiale encore moins porteuse que l’année dernière. En plaçant la barre aussi haute, les autorités pourraient soit avoir signalé leur intention de soutenir plus fermement l'économie, ou plutôt avoir tenté de stimuler la confiance des consommateurs et des entreprises.
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de Marc-Antoine Collard, Chef Économiste et Responsable de la recherche