Asset Management: Monthly Macro Insights - Décembre 2023

La croissance économique a été très faible au sein des économies avancées au troisième trimestre 2023. Les États-Unis font néanmoins figure d’exception, donnant l’illusion d’une économie mondiale résiliente. Sommes-nous engagés dans la voie d’une « immaculate disinflation», ou l’affaiblissement de l’inflation ne serait-elle pas plutôt le reflet d’une détérioration de l’économie ?

Des divergences qui ne devraient pas durer…

La croissance en Chine a été très volatile depuis la réouverture de son économie début 2023. Bien que l’accumulation des mesures de soutien ait renforcé la confiance des investisseurs dans leurs perspectives d’une amélioration de la croissance au cours du premier semestre 2024, les données récentes suggèrent que la dynamique reste fragile et incertaine.

Sans pour autant être en chute libre, la plupart des économies avancées ont enregistré une croissance négative du PIB au troisième trimestre 2023. À l’inverse, le PIB américain a bondi, rassurant ainsi les investisseurs sur le fait que le resserrement monétaire le plus rapide depuis plusieurs décennies n’a pas suffi à faire dérailler l’économie américaine. Toutefois, cette surperformance peut être expliquée en grande partie par des facteurs temporaires qui ne devraient probablement pas se reproduire.

… et une générosité budgétaire achevée

Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plusieurs gouvernements ont apporté un soutien considérable aux ménages et aux entreprises pour les aider à faire face au choc énergétique qui s’en est suivi. Les dépenses liées à la défense ont aussi augmenté dans de nombreux pays. En outre, l’accélération de la mise en œuvre des plans de relance européens « Next Generation EU » a stimulé les dépenses dans certaines économies européennes. Aux États-Unis, l’augmentation des dépenses en matière de sécurité sociale et de santé, ainsi que des recettes fiscales moins élevées, ont aussi entraîné un assouplissement significatif de l’orientation budgétaire.

Ainsi, malgré l’un des resserrements monétaires les plus rapides depuis près de 40 ans, la résilience de l’économie mondiale dans la première moitié de cette année a surpris la majorité des économistes. Or, l’assouplissement de la politique fiscale a joué un rôle central en atténuant les effets négatifs du resserrement monétaire. Mais cette divergence dans le policy-mix se dissipe à présent.

Les attentes en matière de baisse de taux risquent-elles d’être contrariées ?

L’inflation globale a diminué dans la plupart des économies au cours de l’année, et les récentes communication des banques centrales indiquent que le risque d’un nouveau resserrement s’est considérablement atténué. Le marché des taux intègre désormais des probabilités relativement élevées d’un assouplissement de la part de la BCE et de la Fed dès le début 2024.

Cependant, la croissance des coûts unitaires de main d’œuvre (CUM) demeure élevée et la politique monétaire devrait demeurer restrictive jusqu’à l’apparition des signes très clairs que les pressions inflationnistes sous-jacentes s’atténuent. Il faudra toutefois du temps pour clairement identifier ces dynamiques désinflationnistes, et il est loin d’être certain que « l’immaculate disinflation », c’est-à-dire une baisse indolore de l’inflation, soit même possible. La dernière flambée des marchés actions et la baisse des taux souverains, associées à un plus grand optimisme des investisseurs quant à un atterrissage en douceur, pourraient ironiquement pousser les banquiers centraux à adopter des tons plus hawkish afin d’éviter un assouplissement injustifié des conditions financières qui mettrait en péril leurs efforts pour refroidir l’économie. En somme, les attentes des investisseurs en matière de baisse des taux pourraient s’avérer malavisées… à moins que leur scénario de résilience se révèle être trop optimiste.