Asset Management: Monthly Macro Insights - Octobre 2023

La majorité des investisseurs continuent de croire en la résilience de l’économie mondiale en dépit du resserrement de politiques monétaires le plus brutal des quarante dernières années. Cependant, non seulement les effets de ce dernier se font de plus en plus ressentir sur l'activité économique, mais la hausse des prix du pétrole et des taux obligataires suscite de nouvelles inquiétudes concernant la matérialisation du scénario « idéal ».

Les divergences régionales persistent

Soutenue par la baisse des prix de l’énergie, d’importantes mesures de relance budgétaire et la décision de la Chine d’abandonner sa politique zéro Covid, l’économie mondiale a surpris à la hausse au cours des premiers mois de 2023. Toutefois, la résilience de la croissance mondiale semble avoir été de courte durée.

Dans la Zone euro, la croissance a globalement stagné depuis le deuxième trimestre 2022, et selon l’indice de confiance des entreprises S&P Global, le PIB pourrait baisser de -0,4% en glissement trimestriel (t/t) au troisième trimestre 2023 si les corrélations historiques se confirment, alors qu’à l’inverse les investisseurs s’attendent à une légère hausse.

À l’issue d’un vote très serré (5-4), la Banque d’Angleterre (BoE) a décidé de maintenir sa politique monétaire inchangée en septembre, mettant fin à une série de quatorze hausses de taux consécutives, alors que la lecture des données macroéconomiques au cours des derniers mois s’est avérée complexe. Dans l'ensemble, la BoE voit des signes évidents de l'impact d'une politique monétaire plus restrictive sur le marché du travail et sur l'activité, et a donc décidé de faire une pause, bien qu'il soit très clair qu'une nouvelle hausse reste possible, si nécessaire.

De son côté, la croissance en Chine a perdu de son élan alors que l’impulsion initiale de la réouverture du début d’année s’est rapidement estompée. En revanche, les données du mois d’août suggèrent que l’activité semble avoir cessé de se dégrader. Bien que l’optimisme quant à l’efficacité des mesures prises par les autorités pour stimuler l’économie s’installe peu à peu, certains défis demeurent, notamment ceux liés aux problèmes structurels du secteur immobilier qui continuent de peser sur la demande intérieure.

À l’inverse, l’économie américaine s’est montrée étonnamment résiliente, portée par les dépenses des ménages soutenues par la réduction de l’épargne excédentaire accumulée lors de la pandémie. En outre, la politique budgétaire a joué un rôle de premier plan.

Plus haut plus longtemps

Bien que l’inflation totale ait été divisée par deux par rapport aux sommets atteints en 2022 dans la majorité des économies avancées du G20, cet ajustement s’explique principalement par les effets de base des prix des matières premières. En effet, l’inflation sous-jacente n’a toujours pas baissé de manière décisive, freinée par des pressions sur les coûts et des marges élevées dans certains secteurs. Dans ce contexte, les banques centrales martèlent depuis des mois que la politique monétaire resterait stricte pour un certain temps. Jusqu’à tout récemment, les investisseurs ont fait la sourde oreille, mais la récente hausse des taux souverains suggère que le message est, cette fois-ci, entendu.

De plus, la hausse des prix des matières premières pourrait donner une nouvelle impulsion à l’inflation totale. La hausse des taux peut aussi être expliquée par les risques liés aux finances publiques. Dès lors, des efforts pour reconstituer des marges de manœuvre budgétaires et mettre en place des plans financiers crédibles semblent inévitables pour assurer la soutenabilité de la dette et rassurer les investisseurs.

En conséquence, il en résulte que la divergence du policy-mix – politique monétaire stricte, mais politique budgétaire souple – touche à sa fin, et les effets de la générosité budgétaire sur l’économie s’estomperont rapidement. Bien que les délais de transmission monétaire se soient allongés, certains investisseurs risquent ainsi d’être pris au dépourvu lorsque l’impact du resserrement monétaire se fera pleinement sentir.