Asset Management: Monthly Macro Insights - Juillet 2023

Les investisseurs restent convaincus que l'inflation est susceptible de refluer sans que la croissance économique n’ait réellement besoin de décliner. Cependant, il n'y a pas beaucoup de précédent historique illustrant un tel résultat, d'autant plus que le resserrement monétaire n'est pas achevé et que les effets de la hausse des taux directeurs ne se sont pas encore faits pleinement sentir.

La Chine et la Zone euro déçoivent…

L'activité économique mondiale a été marquée cette année par une divergence sectorielle inhabituellement élevée. Le secteur des biens est à la peine et l'indice S&P Global portant sur la confiance des entreprises manufacturières est tombé à 48,8 en juin, signalant une détérioration pour un dixième mois consécutif. Cependant, les investisseurs sont restés optimistes quant aux perspectives économiques alors que le secteur des services résiste.

Les divergences régionales s’avèrent également importantes. L'économie chinoise s'est encore essoufflée en juin. Dans ce contexte, les appels se multiplient pour un soutien étatique accru. Cependant, les autorités hésitent à introduire des mesures plus significatives car les gouvernements provinciaux sont confrontés à un fardeau de la dette sans précédent en raison, notamment, d'un effondrement des ventes de terrain et de l'impact des confinements liés à la pandémie. Les inquiétudes concernant les effets potentiels de nouvelles baisses de taux d’intérêt sur le yuan font également partie des facteurs limitant la portée du soutien.

Les indicateurs de confiance de la Zone euro ont eux aussi reculé en juin, mais la divergence sectorielle est majeure alors que le taux de chômage est resté à 6,5 % en mai, un niveau record depuis l'introduction de l'euro.

… alors que les données américaines sont mitigées

La croissance économique américaine a été révisée à la hausse au T1-23. En outre, les données immobilières récentes se sont non seulement stabilisées, mais montrent des signes de rebond du secteur résidentiel par rapport aux récents creux. Néanmoins, les perspectives économiques américaines restent hautement incertaines. La courbe des taux s'est fortement inversée, l'indicateur économique avancé du Conference Board est tombé à un niveau déprimé, et l'indice ISM manufacturier est tombé à 46 en juin, son plus bas niveau depuis 2009, hormis la chute momentanée au cours des premiers mois de la pandémie.

Resserrement monétaire inachevé

Juin a été un mois extraordinaire pour les banques centrales. La Banque d'Angleterre a surpris les marchés en augmentant son taux directeur pour une 13e fois consécutive d'un mouvement inattendu de 50 points de base. La BCE a relevé ses taux et annoncé d’autres hausses – très probablement lors sa réunion de juillet. Les banques centrales d'Australie et du Canada ont réactivé leur resserrement après une pause de quelques mois, tandis que les banques centrales de Norvège et de Suisse ont poursuivi leur remontée des taux. La Fed a choisi de ne pas relever son taux directeur même si les prévisions d'inflation ont dû être revues à la hausse, mais les membres du comité monétaire ont indiqué qu’une période prolongée de taux d'intérêt élevés sera vraisemblablement nécessaire, ajoutant qu’une hausse en juillet est probable.

Malgré des erreurs de prévision répétées, les investisseurs restent convaincus que l'inflation reculera assez rapidement. Or, l'inflation globale poursuit sa tendance baissière, mais l’inflation sous-jacente reste obstinément élevée, poussant les banques centrales à maintenir leur biais restrictif malgré des perspectives économiques qui se sont dégradées, une combinaison qui pourrait bien ne pas se terminer ainsi que le scénario (trop) optimiste des investisseurs.

Achevé de rédiger le 5 juillet 2023