Asset Management Europe: Monthly Macro Insights - Juin 2023

Si les dernières enquêtes laissent entrevoir un ralentissement de la croissance économique, l'inflation sous-jacente s'avère persistante, poussant ainsi les banques centrales à poursuivre le relèvement des taux directeurs. Cependant, les incertitudes demeurent élevées quant aux effets du resserrement actuel des conditions de crédit. 

Une confiance chancelante

La croissance économique s’est avérée plus résistante qu’anticipé en début d’année. Toutefois, les récentes données semblent indiquer un possible retournement. En Chine, l'indice PMI manufacturier a chuté de manière inattendue à 48,8, soit à un plus bas depuis décembre 2022, alors que celui des secteurs des services et de la construction a glissé de 56,4 à 54,5, également en deçà des attentes. Dans ce contexte, les investisseurs ont abaissé leurs prévisions de croissance pour 2023 à 5,5 %, contre près de 6 % au début de l'année.

Aux États-Unis, les perspectives restent incertaines. D'une part, les enquêtes de confiance se sont détériorées. L'indice ISM manufacturier est tombé à 46,9 en mai, et dans le secteur des services, l’indice est tombé à 50,3, un niveau qui n'a été atteint qu'une seule fois depuis le début de l'année 2010, à l'exception de la chute de 2020 au début de la pandémie. Toutefois, le marché du travail reste très tendu.

La confiance des entreprises s'est également affaiblie en zone euro, en particulier dans le secteur industriel. De plus, d’après les dernières révisions, l’Allemagne est tombée en récession technique au début de l'année.

Resserrement des conditions de crédit, baisse de la demande

L'enquête de la BCE sur la distribution du crédit bancaire (BLS) et celle de la Fed auprès des responsables du crédit (SLOS) publiées début mai ont toutes deux montré un nouveau resserrement des conditions de crédit, en particulier pour les entreprises. Or, le lien entre l'activité économique et le crédit est particulièrement étudié par les banques centrales. En effet, lorsque le crédit augmente, les consommateurs peuvent emprunter et dépenser, et les entreprises peuvent emprunter et investir. Une hausse de la consommation et des investissements crée également des emplois, ce qui stimule à son tour l'économie. À l'inverse, le renchérissement et le rationnement du crédit pèsent sur l'activité économique en raison des effets négatifs sur les décisions de consommation et d'investissement.

Toutefois, une grande incertitude existe quant à la rapidité et à l'intensité de ces effets, d'autant plus que la part des prêts à taux fixe dans l'économie est beaucoup plus élevée que lors des précédents cycles de resserrement de la politique monétaire. Par conséquent, les délais de la politique monétaire pourraient être plus longs que d'habitude.

Le président de la Fed, J. Powell, a récemment souligné que le resserrement du crédit attendu à la suite des récentes faillites bancaires, combiné aux résultats du SLOS, pèsera vraisemblablement sur la croissance économique et l'embauche. Par conséquent, le taux directeur n'aura peut-être pas besoin d'augmenter autant qu'il l'aurait fait autrement pour lutter contre l'inflation.

Parallèlement, la présidente de la BCE, C. Lagarde, a reconnu que les résultats de la dernière enquête BLS confirmaient les effets du cycle de resserrement monétaire, ce qui a convaincu le conseil des gouverneurs de réduire le rythme des hausses de taux d’intérêt, avec une augmentation de 25 points de base (pdb) au lieu de 75 ou 50 pdb lors des réunions précédentes. Cela dit, la BCE poursuivra sa campagne de resserrement jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment certaine que l'inflation est sur la bonne voie pour revenir à l'objectif de 2 % en temps voulu, ce qui est encore loin d’être le cas.

Achevé de rédiger le 7 juin 2023.

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Télécharger l'analyse complète de Monthly Macro Insights – Juin 2023, de Marc-Antoine Collard, Chief Economist and Head of Economic Research