Asset Management Europe: Monthly Macro Insights - Mai 2023

Au premier trimestre 2023, le PIB mondial a surprit par sa vigueur, une dynamique soutenue néanmoins en grande partie par la Chine. Par ailleurs, les banques centrales ont poursuivi leur campagne de resserrement dans un contexte de croissance salariale obstinément ferme et d'inflation sous-jacente persistante. S’entêteront-elles jusqu'à atteindre un point de rupture ?

Une dynamique de croissance inégalement répartie...

Les autorités chinoises ayant abandonné leur politique « zéro Covid » en fin d’année dernière, le PIB a nettement accéléré au premier trimestre 2023, à +2,2 % en glissement trimestriel, après une progression de +0,6 % au quatrième trimestre 2022, soutenu principalement par le fort rebond de la consommation des ménages. Les dépenses dans les services – en particulier dans les loisirs et voyages – devraient rester dynamiques. En revanche, les incertitudes demeurent élevées pour d'autres catégories, les indicateurs récents ayant fourni des signaux contradictoires quant à la reprise.

À l’inverse de la Chine, la croissance économique aux États-Unis s’est révélée décevante, le PIB n'ayant progressé que de 0,3 % en glissement trimestriel (ou 1,1 % en glissement annualisé), soit un rythme deux fois plus faible comparativement au trimestre précédent et en-dessous des attentes des investisseurs. Toutefois, les détails sont difficiles à lire.

En Zone euro, l’estimation préliminaire du PIB a montré une maigre progression de la croissance économique au premier trimestre 2023 à +0,1% en glissement trimestrielle, après une contraction de -0,1 % au quatrième trimestre 2022. Malgré les récentes tensions bancaires, les investisseurs restent optimistes quant aux perspectives, à l’image de la nouvelle hausse de l'indice S&P Global portant sur la confiance des entreprises en avril qui s’est élevée à un sommet en près d’un an. Cela étant, cette hausse a été très inégalement répartie.

... alors que les pressions inflationnistes restent élevées

L'inflation mondiale est en baisse depuis le milieu de l'année 2022, en raison de la chute des prix des produits de base, en particulier de l'énergie. En outre, pour freiner la demande et réduire l'inflation sous-jacente, la plupart des banques centrales dans le monde ont relevé leurs taux d'intérêt depuis 2021 et ce, à un rythme plus rapide et de manière plus synchronisée que lors du précédent épisode de resserrement monétaire mondial, survenu juste avant la crise financière mondiale de 2008. Pour autant, la robustesse de l’inflation sous-jacente reste plus durable que prévu.

En effet, même si les délais de transmission de la politique monétaire sont à la fois longs et variables, plusieurs facteurs ont contribué à la persistance des pressions sur les prix. L’effet stimulant de la réouverture de la Chine, combiné à un hiver plus doux, soutenant ainsi le secteur de la construction et permettant d’atténuer la crise énergétique en Europe, ont contrarié les efforts des banques centrales pour ralentir l'économie. De plus, plusieurs gouvernements ont agi rapidement pour soutenir les ménages et les entreprises face aux effets négatifs de la guerre en Ukraine.

Parallèlement, les marchés de l’emploi restent tendus dans la plupart des pays. Par conséquent, les pressions salariales restent non seulement élevées dans la plupart des économies avancées, mais certaines mesures montrent des signes de réaccélération.

En conséquence, les banques centrales se voient contraintes de maintenir un ton ferme quant à la nécessité d'une politique monétaire restrictive, signalant ainsi que les taux d'intérêt resteront plus élevés et plus à plus long terme qu’initialement prévu afin de faire face à des pressions persistantes sur les prix. Or, comme nous l'avons souligné le mois dernier, il y a peu de raisons de penser que la politique monétaire est devenue inopérante et, bien que les délais se soient vraisemblablement allongés, certains investisseurs pourraient être pris de court lorsque l'impact du resserrement commencera à se faire pleinement sentir.

Achevé de rédiger le 4 mai 2023.

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Télécharger l'analyse complète de Monthly Macro Insights – Mai 2023, de Marc-Antoine Collard, Chief Economist and Head of Economic Research