Asset Management Europe: Monthly Macro Insights - Avril 2023

L’économie mondiale s’est avérée mieux orientée que prévu en début d’année. En revanche, l'inflation tendancielle reste obstinément élevée alors que le secteur bancaire se retrouve en difficulté, témoignant ainsi des effets du resserrement monétaire le plus agressif depuis plusieurs décennies. En conséquence, les banques centrales devront équilibrer les risques entre stabilité des prix et financière.

Une activité plus résiliente début 2023

Les indicateurs économiques établis à partir d’enquêtes se sont redressés après les points bas auxquels ils étaient tombés à la fin 2022. La confiance des consommateurs a commencé à s'améliorer alors que les enquêtes auprès des entreprises ont quant à elles rebondi depuis le creux de novembre dernier, en particulier dans le secteur des services. Au niveau régional, le rebond consécutif à la réouverture en Chine s'accélère, bien qu'à un rythme plus modéré que prévu, parallèlement à un rebond européen après le choc des prix de l'énergie.

Les risques de stabilité financière vont-ils remettre en cause le « higher for longer » ?

La plupart des banquiers centraux insiste sur la nécessité de maintenir des taux directeurs élevés un certain temps afin de rétablir la stabilité des prix. Ainsi, bien que les risques entourant la stabilité financière aient augmenté, il est peu probable qu'ils renoncent à leur objectif d'inflation. En effet, les banques commerciales sont globalement beaucoup mieux capitalisées qu'elles ne l'étaient en 2008 et la qualité de leurs portefeuilles de prêts, notamment hypothécaires, est meilleure.

D’ailleurs, les investisseurs semblent parier que le resserrement monétaire mondial actuel, pourtant le plus prononcé et le plus rapide depuis au moins quarante ans, n'aura qu'un impact marginal sur l'activité économique. Certains d’entre eux vont même jusqu'à prévoir un scénario "sans atterrissage", estimant que la croissance mondiale ralentira à peine en 2023.

Les politiques monétaires sont-elles inefficaces ?

L’objectif principal d’une politique monétaire plus stricte est de réduire les pressions inflationnistes via des taux d’intérêt plus élevés qui vont ralentir la demande globale. Toutefois, la transmission de la politique monétaire se fait avec des décalages longs et variables, et évolue dans le temps en fonction des changements cycliques et structurels de l'économie.

Certaines recherches suggèrent que les délais ont pu se raccourcir au cours des dernières années, en partie grâce aux orientations politiques et à la crédibilité des banques centrales qui permettent aux marchés financiers de réagir à un changement de politique avant qu'il ne soit mise en œuvre. En conséquence, les conditions financières sur le marché commenceraient à changer par anticipation.

À l'inverse, deux facteurs sont susceptibles d'avoir plutôt allongé le temps nécessaire pour que la politique monétaire affecte l'économie. Premièrement, la part importante du crédit à taux fixe dans l'économie contribue à entraver la politique monétaire par son effet sur les flux de trésorerie des emprunteurs. Cependant, lorsque ces prêts à taux fixe seront réinitialisés à un taux d'intérêt plus élevé, les emprunteurs devront faire face à une augmentation considérable de leurs paiements.

Deuxièmement, les marchés du travail sont tendus dans la plupart des pays, à l’image de la forte augmentation des postes vacants et des ratios postes vacants/chômage. Dans ce contexte, les entreprises sont très réticentes à licencier des travailleurs car, deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, le processus d'embauche reste difficile et coûteux. Par conséquent, le marché du travail est moins flexible, les entreprises étant plus lentes à répondre à une demande plus faible, et son ralentissement pourrait nécessiter un niveau plus élevé que prévu des taux directeurs.

En somme, si les délais se sont peut-être allongés, il y a peu de raisons de penser que la politique monétaire est devenue inopérante. En tant que tel, l'impact négatif du resserrement synchronisé devrait se faire sentir dans les mois à venir, ce qui ne semble avoir été intégré que par les marchés des obligations souveraines.

Achevé de rédiger le 3 avril 2023.

Retrouvez l'analyse complète

Télécharger l'analyse complète de Monthly Macro Insights – Avril 2023.